Silvio Carella|

Steven FELD Chaire internationale ArTeC 2021

À l’invitation de l’équipe du master
« cinéma documentaire et anthropologie visuelle » de l’université Paris-Nanterre
Séances organisées par
Jonathan Larcher et Damien Mottier

Biographie

Steven Feld est anthropologue, cinéaste, photographe, musicien et artiste sonore. Il est professeur émérite en anthropologie à l’Université du Nouveau-Mexique. Depuis la publication de sa monographie Sound and Sentiment (1982) – un ouvrage de référence réédité à trois reprises –, il s’attache à valoriser son travail de recherche sous différentes formes (textuelles, visuelles et sonores) et mène des projets collaboratifs et artistiques en Papouasie-Nouvelle-Guinée, en Europe, au Japon et en Afrique de l’Ouest.

Éditeur et traducteur d’un recueil d’articles de Jean Rouch dont la rencontre en 1974 au Musée de l’Homme l’a particulièrement marqué – Ciné-Ethnography (2003) –, Steven Feld a fait paraître des traductions de ses textes dans L’Homme et quelques autres revues francophones. Plusieurs de ses enregistrements musicaux ont par ailleurs été inclus dans deux anthologies – Les voix du monde et Les danses du monde – éditées par le CNRS et le Musée de l’Homme sous le label Le chant du monde. Son long métrage documentaire tourné au Ghana, A Por Por Funeral for Ashirifie (2009), a reçu en 2010 le prix Bartók de la Société française d’ethnomusicologie au Festival international Jean Rouch. Dans le cadre de la chaire internationale ArTeC 2021, à l’invitation de l’équipe du master cinéma documentaire et anthropologie visuelle de l’université Paris-Nanterre, il viendra présenter ses préoccupations de recherche les plus récentes et particulièrement deux de ses recherches-créations contemporaines : Voices of the Rainforest (2019) et Hearing Heat (en cours).

Research as Composition: Making Voices of the Rainforest

Mercredi 17 mars : 19 h 00-21 h 00
Présentation en anglais et discussion en français
Conférence animée par Jonathan Larcher

Le projet Voices of the Rainforest, une composition sonore d’une heure distribuée en CD en 1991, présentait les 24 heures de la vie de la forêt tropicale et des habitants de Bosavi. Cette édition stéréo combinait des recherches culturelles et environnementales avec la pratique de l’enregistrement sonore de terrain, les techniques de montage de la musique concrète, l’art radiophonique et la création sonore.

À l’occasion du 25e anniversaire du CD, en 2016, Mickey Hart, producteur et batteur de Grateful Dead, m’a proposé de numériser les enregistrements analogiques originaux et de recomposer Voices of the Rainforest en 7.1 canaux.

J’ai ainsi travaillé pendant un an avec le célèbre monteur son Dennis Leonard, au studio Skywalker Sound de George Lucas, une opportunité rare pour un anthropologue.

Le projet a conduit à une nouvelle série d’expériences d’écoute et de composition, ainsi que de nouvelles formes de collaboration avec les habitants de Bosavi en Papouasie-Nouvelle-Guinée. Il aboutit
aujourd’hui à la création d’un ciné-concert qui fusionne pratiques documentaires et expérimentales pour créer de multiples dialogues entre matériaux sonores et visuels.

Extrait du film

Acoustemology

Lundi 22 mars : 15 h 00-18 h 00
Présentation en anglais et discussion en français
Conférence animée par Jonathan Larcher

L’Acoustémologie est un terme qui résume mes quarante-cinq années de recherches de terrain par le son et l’image en Papouasie-Nouvelle-Guinée, en Europe et au Ghana, afin d’explorer les relations entre acoustique et épistémologie et de considérer l’étude du son comme moyen de connaissance à part entière.

Nesrine Sellami|

Cette recherche s’est développée à partir d’une approche en anthropologie du langage, de la musique, du son, des sens, de l’image et de l’espace, ainsi que des théories de la perception et de l’esthétique. Attentif aux relations sonores entre les oiseaux et les humains dans les forêts tropicales de Papouasie-Nouvelle-Guinée, mais aussi des cloches, des églises et des animaux en France, en Grèce et en Italie, ou encore des crapauds en bordure de route, des tambours rituels et des klaxons de camions dans la ville d’Accra, ce travail explore le rôle critique du son dans la production de la conscience de l’espace et du temps.

Hearing Heat: an Anthropocene Acoustemology

Vendredi 26 mars : 16 h 00-18 h 00
Présentation en anglais et discussion en français
Conférence animée par Jonathan Larcher

L’œuvre Hearing Heat rend audible les histoires anciennes et modernes de l’écoute des cigales en Papouasie-Nouvelle-Guinée, au Japon et en Grèce.

Circulant entre les médiums, la présence amplifiée des cigales, en tant que technologies thermosoniques et espèces compagnes, témoigne à la fois de l’histoire du climat et du climat, de l’histoire au temps de l’anthropocène – de la destruction de la forêt tropicale à l’escalade nucléaire, en passant par les vagues de chaleur soudaines.

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